Pourquoi il me tient à cœur de trouver une vraie manière d’assurer un avenir fondé sur une énergie fiable, abordable et propre

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Janvier 2024

Avant de me lancer dans la politique, j’étais directeur de SWITCH, une association du sud-est de l’Ontario en faveur de l’énergie durable. Sa mission consiste à collaborer avec les entreprises, les institutions publiques, les chercheurs, les professionnels, les étudiants et les personnes tournées vers l’avenir afin de permettre à l’économie du sud-est de l’Ontario d’anticiper la transition de la combustion de combustibles fossiles vers des énergies plus propres. Cette expérience m’a permis de faire de la lutte contre les changements climatiques une priorité et de soutenir la transition vers un avenir fondée sur une énergie fiable, abordable et propre.

Résumé

Sans de nouvelles installations, l’Ontario n’aura bientôt plus assez d’électricité. On prévoit que d’ici 2030, l’Ontario aura besoin de 2 000 mégawatts (MW) supplémentaires pour répondre à la demande. Cette situation découle notamment de la nécessité pour l’ensemble de l’économie de passer, pour la première fois, des combustibles fossiles à l’électricité. Or, l’indifférence du gouvernement actuel face à cette réalité se reflète dans sa dépendance à l’égard de la construction de nouvelles centrales au gaz et de l’exploitation continue des centrales existantes afin de fournir de l’électricité de base.

Le passage de l’Ontario aux énergies renouvelables doit être réaliste. Les combustibles fossiles utilisés à titre transitoire, comme le gaz naturel, sont donc essentiels pour l’instant; l’Ontario peut toutefois redoubler d’efforts pour devenir un chef de file en matière de production et de stockage d’énergie verte ainsi que d’économie de l’énergie.

Depuis 2018, l’annulation des investissements dans les énergies renouvelables à des prix compétitifs a entraîné une augmentation de la production des centrales au gaz pour répondre à la demande. Le contraire s’impose. Nous devons rapidement accroître les technologies renouvelables, comme les énergies solaire et éolienne ainsi que le stockage d’énergie, en utilisant le gaz naturel comme source d’énergie fiable de dernier recours. Nous devons également renforcer l’efficacité, l’économie d’énergie et la gestion de la demande. Ces mesures visant à rendre l’énergie plus abordable comprennent la rénovation des bâtiments, le passage aux thermopompes et d’autres incitations à une consommation plus intelligente de l’énergie. C’est notamment en consommant moins d’énergie aux heures de pointe que l’Ontario aura moins besoin de produire de l’électricité.

En outre, l’évaluation de l’infrastructure du transport de l’électricité et les besoins de modernisation du réseau local constituent deux autres aspects de la politique en faveur d’un avenir énergétique propre. Des villes comme Palo Alto, en Californie, qui sont bien avancées dans leur transition vers une énergie plus verte, se sont heurtées aux limites du réseau électrique local en raison du nombre élevé de propriétaires de véhicules électriques et

d’installations de thermopompes. Nous ne sommes plus très loin, en Ontario, de voir des quartiers entiers charger des véhicules électriques. Nous devons travailler en collaboration avec les autorités locales de distribution d’électricité et mettre à jour les réglementations et les mesures incitatives. Ainsi, le réseau électrique de l’Ontario sera suffisamment robuste pour assurer un avenir non polluant et axé sur l’électricité.

Par ailleurs, l’Ontario devrait accroître l’utilisation du mélange de biogaz et d’hydrogène vert avec le gaz naturel, et utiliser au mieux l’infrastructure de gaz naturel existante.

En ce qui concerne l’énergie nucléaire, elle continuera à répondre à une grande partie des besoins en électricité de l’Ontario dans un avenir prévisible. Nous disposons d’une expérience et d’une expertise en la matière, ici, en Ontario, de sorte que nous devrions continuer à investir dans ce domaine.

Enfin, le gouvernement de l’Ontario doit placer la mobilisation proactive des communautés locales au cœur de toute stratégie énergétique. Les énergies renouvelables, comme l’énergie éolienne et solaire ainsi que le stockage d’énergie, nécessitent de l’espace, ce qui peut modifier le quotidien des communautés. C’est pourquoi il est essentiel que les communautés adhèrent aux projets d’énergie verte et qu’elles en récoltent les fruits.

Le manque de planification pour les besoins d’aujourd’hui et de demain : une véritable problématique en Ontario

Nous avons besoin d’une source d’électricité abordable et fiable pour répondre aux besoins énergétiques de la population et des entreprises de l’Ontario, tout en luttant contre le changement climatique. L’électrisation se fait rapidement; le temps presse pour lutter contre les changements climatiques, car 2023 a été l’année la plus chaude que nous ayons jamais connue. De plus, les nouvelles voitures fabriquées seront des véhicules électriques. Pour le chauffage des habitations, des thermopompes électriques seront installées, en commençant par le sud de l’Ontario. Les procédés industriels plus propres, comme les fours électriques à arc pour la fabrication de l’acier, augmenteront également la consommation d’électricité.

Toutefois, les centrales électriques et les réseaux d’énergie ne se construisent pas du jour au lendemain.

Le gouvernement actuel a gaspillé de nombreuses années de progrès, non seulement en éliminant des projets d’énergie renouvelable à prix compétitif et des programmes d’économie de l’énergie à faible coût, mais également en omettant d’investir dans des options de stockage flexibles. Ces options, destinées à faire face à différentes éventualités et à compléter les différentes formes d’énergie renouvelable, auraient permis à l’Ontario de se préparer à répondre à ses besoins futurs. Au cours des deux prochaines années, nous risquons d’être confrontés à

des déficits en matière de capacité; la demande d’électricité dans la province pourrait bel et bien dépasser la capacité de production. Le gouvernement est au courant des prévisions de ce déficit de capacité depuis son arrivée au pouvoir en 2018, mais l’a ignoré jusqu’à tout récemment. Aujourd’hui, il se livre à un nouvel approvisionnement en électricité à court terme, notamment en brûlant du gaz naturel pour la production d’électricité de base et en prolongeant la durée de vie de la centrale nucléaire de Pickering d’au moins deux ans, au-delà du 31 décembre 2024, date à laquelle son permis de sécurité actuel arrivera à échéance.

D’ici la fin de 2030, l’Ontario aura besoin de près de 2 000 mégawatts (MW) de nouvelle production d’électricité. Il s’agit donc de nouvelle électricité; on suppose que les centrales actuelles continueront à fonctionner au-delà de la date d’expiration de leur contrat, parce qu’aucune autre solution n’a été proposée. Le gouvernement a deux plans pour répondre à ces besoins. Environ 300 MW seront couverts par le premier petit réacteur modulaire (PRM), à condition qu’il n’y ait pas de retard dans sa construction. Il faut savoir que les PRM ne permettent pas de réaliser des économies tant qu’ils ne sont pas produits en masse, c’est-à-dire à partir de 2030 au plus tôt.

Comment le reste du déficit de 2 000 MW sera-t-il couvert? Dans une large mesure, soit 1 500 MW, par des centrales au gaz naturel récemment construites et dotées de contrats à long terme. Nul besoin de préciser qu’il s’agit là d’un grand pas en arrière dans la lutte contre les changements climatiques. La durée du contrat dépasse de loin la période précédant la date du moratoire sur les installations au gaz naturel prévu par le Règlement sur l’électricité propre du gouvernement fédéral, ce qui fait courir le risque à l’Ontario de posséder des biens inutilisables coûteux. Ce plan ne bénéficie pas non plus du crédit d’impôt fédéral pour l’investissement dans l’électricité propre, qui permettrait de couvrir 15 % des coûts d’investissement.

Les coûts et les délais de livraison des principaux équipements ont considérablement augmenté dans la plupart des secteurs au cours des dernières années, y compris dans le secteur de l’électricité. La loi des États-Unis sur la réduction de l’inflation, l’Inflation Reduction Act, nous contraint à attendre avant d’acheter ces équipements. De plus, même les spécialistes canadiens des projets énergétiques sont partis travailler chez nos voisins du Sud. Quel que soit le type de production d’électricité, l’achat et la livraison des principaux composants des projets de production sont de plus en plus sujets à des pénuries et coûtent plus cher qu’auparavant. Cette situation rend d’autant plus douloureuse l’histoire des annulations et des retards du gouvernement actuel.

Ainsi, les programmes d’économie de l’énergie sont essentiels à la résolution de cette question urgente : comment l’Ontario va-t-il se procurer suffisamment d’énergie pour faire face à l’augmentation de ses besoins au cours des deux prochaines décennies? En Ontario, l’économie d’énergie est toujours considérée comme la forme la moins coûteuse de « production » d’électricité. On estime d’ailleurs qu’elle coûte 60 % moins cher que l’énergie produite à partir du gaz naturel.

L’électrisation de l’économie mettra à rude épreuve notre réseau électrique vieillissant. C’est pourquoi le besoin de produire de l’électricité de manière décentralisée s’accroît rapidement. La production de l’énergie décentralisée devra occuper une place de plus en plus importante si l’on veut que l’Ontario maintienne une filière énergétique fiable.

Une filière énergétique fiable, abordable et propre

L’objectif de toute plateforme énergétique à long terme consiste à réaliser ce pour quoi elle a été conçue : contrôler les coûts et fournir des quantités suffisantes et fiables d’électricité tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES). Ces objectifs ne vont pas toujours de pair, mais avec le temps, il est possible d’y arriver.

À l’heure actuelle, le gaz naturel est le seul secteur du réseau d’électricité de l’Ontario qui émet des gaz à effet de serre. On compte toujours sur ces centrales parce qu’elles peuvent être mises en marche rapidement au besoin, notamment en cas de demande acheminable, et parce que notre réseau d’électricité est soumis à de fortes contraintes en matière d’approvisionnement dans un avenir proche.

D’ici 2040, l’Ontario aura besoin d’au moins 6 000 MW de nouvelle énergie. Ces données supposent que toutes les installations, y compris les centrales au gaz, continueront de fonctionner au-delà de la date d’expiration de leur contrat actuel. Pour combler ce déficit énergétique, nous devrons combiner l’économie d’énergie, l’efficacité énergétique, les nouvelles centrales nucléaires, les énergies renouvelables et la production décentralisée, tout en remplaçant la production de base au gaz naturel par des énergies renouvelables et des systèmes de stockage. Les centrales au gaz naturel continuent de fournir une production flexible extrêmement importante pour combler les lacunes en matière d’approvisionnement. C’est pourquoi il est essentiel de mettre en place un plan de transition pour les transformer en combustibles écologiques.

Voici quelques idées qui reflètent ma vision de la voie à suivre pour un avenir fondé sur une énergie fiable, économique et propre :

● maintenir l’approvisionnement nécessaire;

● assurer la fiabilité du service grâce à une production flexible;

● promouvoir l’efficacité énergétique, l’économie d’énergie et l’abordabilité;

● investir dans les ressources énergétiques décentralisées et le réseau de transport;

● développer la production d’hydrogène vert et de gaz naturel renouvelable;

● mobiliser les communautés de manière proactive.

Maintenir l’approvisionnement nécessaire

En 2018, le gouvernement actuel a payé pour annuler des contrats d’énergie renouvelable et démanteler des projets, sous prétexte que nous disposions de trop d’électricité. Le dernier Plan

énergétique à long terme de l’Ontario, élaboré par le gouvernement précédent en 2017, tenait compte des pénuries à venir. Or, le premier ministre l’a depuis ignoré. Aujourd’hui, nous en subissons les conséquences. À l’été 2023, l’Ontario était déjà sur le point de manquer d’électricité pour répondre à la demande.

L’énergie solaire et l’énergie éolienne sont les formes les moins chères de production d’électricité aujourd’hui. Elles sont toutefois intermittentes, de sorte qu’elles doivent être associées à un système de stockage d’énergie. Plus nous aurons de capacités de stockage, plus nous pourrons utiliser l’énergie solaire et éolienne bon marché. Il est essentiel de procéder sans tarder à la mise en place de systèmes de stockage. Non seulement le temps presse dans la lutte contre le réchauffement climatique, mais les retards intentionnels du gouvernement nous placent en queue de peloton, en plus d’être coincés derrière l’immense approvisionnement des États-Unis découlant de l’Inflation Reduction Act. Même les experts canadiens du secteur de l’énergie sont partis travailler aux États-Unis.

Nous avons besoin de plus d’électricité à court, moyen et long terme. Nous avons besoin d’une électricité propre, fiable et abordable. Compte tenu de l’ampleur des besoins au cours des 20 prochaines années, nous devrions continuer à remettre en état les centrales nucléaires, y compris à préparer et à concevoir l’expansion nucléaire de la centrale de Bruce, de préférence avant que les connaissances organisationnelles relatives aux réacteurs nucléaires CANDU acquises par les retraités d’Énergie atomique du Canada limitée ne soient perdues.

Même si les centrales au gaz ont leur utilité en tant que ressources flexibles, elles ne devraient pas être utilisées à d’autres fins. Au cours des deux dernières années, la production des usines à gaz a augmenté de 62 %; elles produisent ainsi un dixième de l’électricité que nous consommons aujourd’hui. Ce chiffre, associé aux émissions de GES qui en découlent, ne peut qu’augmenter. Cette augmentation n’est pas imputable à des périodes de pointe plus fluctuantes, mais à un manque général d’approvisionnement. Toutefois, nous pouvons combler cette lacune avec des énergies renouvelables sans causer de problèmes relatifs à la capacité du système, tout en réduisant directement les émissions de carbone.

Le gaz et son infrastructure connexe demeureront des sources d’appoint, tout comme les poêles à bois ou le propane utilisés pour le chauffage autonome. Les zones rurales et le nord de l’Ontario seront probablement les derniers à effectuer la transition. Cependant, l’utilité du gaz pourrait ne pas s’arrêter là. L’hydrogène vert et le gaz naturel renouvelable, comme celui produit par l’installation de biogaz de Stanton Farms à Ilderton, en Ontario, peuvent contribuer à couvrir les utilisations du gaz naturel les plus difficiles à remplacer, sans qu’il soit nécessaire d’apporter de grandes modifications aux centrales électriques existantes.

Parallèlement, nous devons toujours garder une vision objective des coûts et vérifier s’il existe d’autres secteurs de l’économie où les mêmes dépenses peuvent entraîner une plus grande réduction des émissions de GES. Les secteurs du ciment, de l’agroalimentaire et du transport lourd sont des exemples de possibilités intéressantes. Par ailleurs, tous les secteurs ne

procéderont pas à la transition en même temps. Par exemple, le gaz naturel et le propane sont utilisés dans l’agroalimentaire pour le séchage; il sera donc difficile de les remplacer à moindre coût. Les thermopompes remplaceront les appareils de chauffage au gaz naturel, mais leur efficacité dépend du climat local et de la géologie de surface, de sorte que le sud de l’Ontario sera le premier à effectuer la transition.

Il existe encore de petites ressources hydroélectriques à perfectionner en Ontario, à savoir environ 1 000 MW à partir de sites existants et peut-être 3 000 MW supplémentaires dans les communautés autochtones du nord qui souhaitent les développer. Ainsi, cette ressource renouvelable contribue de manière considérable à notre transition énergétique.

Assurer la fiabilité du service grâce à une production flexible

Outre la production d’énergie de base, nous devons prendre en compte la fiabilité de cette production d’électricité. Sans cette fiabilité, il faudra faire face à des coûts supplémentaires et à une perte de volonté politique en faveur de la transition écologique. Les plus grands défis de l’électricité consistent à répondre à la demande qui monte en flèche quelques fois par an, ou lorsque l’approvisionnement est interrompu par des conditions météorologiques inhabituelles ou des catastrophes naturelles. Très peu de ressources sont capables de se mettre en marche et de s’arrêter pour répondre à ces périodes de pointe en un instant.

C’est pourquoi il a été si difficile de rivaliser avec la flexibilité des centrales au gaz.

En matière de flexibilité, le principal concurrent d’une centrale au gaz est le stockage d’énergie. Associé aux énergies renouvelables, le stockage permet une production propre et flexible au moment où nous en avons le plus besoin. Parmi les exemples de stockage d’énergie, on compte les batteries chimiques, l’accumulation de l’énergie par pompage, les volants d’inertie, l’énergie thermique et l’hydrogène. Il s’agit d’un secteur technologique en plein essor, qui doit également être considéré comme une source potentielle de croissance économique. Les centrales au gaz, malgré leurs émissions de GES, présentent toutefois encore un intérêt en tant que réserves rapidement accessibles à des fins de fiabilité. La plupart d’entre elles sont déjà liées par des contrats à long terme, de sorte que leur élimination constituerait une mauvaise décision financière. Il existe des moyens de faire fonctionner ces centrales de manière plus écologique qu’elles ne le font actuellement, tout en offrant le même niveau de flexibilité au système.

Promouvoir l’efficacité énergétique, l’économie d’énergie et l’abordabilité

Pour savoir comment réduire les coûts de l’électricité à court terme, outre les subventions publiques qui ne font que reporter les coûts sur les contribuables, il faut commencer par regarder du côté de l’économie d’énergie et de l’efficacité énergétique. C’est de loin le moyen le

moins coûteux de faire en sorte que l’approvisionnement en électricité réponde à la demande. L’économie d’énergie et l’efficacité énergétique à la maison permettent d’économiser de l’argent, ce que les gens peuvent d’ailleurs constater sur leurs factures mensuelles.

Il peut s’agir, par exemple, d’isoler les vieux bâtiments, de remplacer les plinthes électriques ou à mazout par des thermopompes, d’installer des compteurs individuels d’eau et d’électricité, ou encore d’installer des toits réfléchissants. Une utilisation intelligente des sols, des normes de construction et une politique des transports peuvent contribuer de manière considérable à la réduction de la consommation d’énergie.

La tarification en fonction de l’heure de consommation est depuis longtemps un moyen d’éviter les périodes de pointe et de consommer moins de gaz naturel. Cependant, l’incitation à le faire a toujours fait défaut, sans compter que de nombreuses personnes ne comprennent pas bien ce système. C’est grâce à l’éducation et à une fluctuation plus marquée des prix entre les périodes de pointe et les périodes creuses de la demande qu’il sera possible d’économiser de manière considérable, de réduire la demande en période de pointe pour la province et de consommer moins de gaz. Le gouvernement commence à peine à comprendre tous ces éléments; nous devons donc continuer à mettre de la pression.

Dans le cas des logements locatifs, où le propriétaire et le consommateur sont souvent deux personnes différentes, les incitations ne fonctionnent pas aussi bien; des normes d’efficacité énergétique seront également nécessaires. Le gaspillage au sein de la filière énergétique peut également être un facteur d’augmentation de la demande. De simples changements permettant de rendre le réseau plus intelligent, comme les thermostats intelligents ou les contrôles de l’heure de la journée, peuvent réduire le gaspillage et faire en sorte que la province ait à fournir moins d’énergie dans l’ensemble.

Investir dans les ressources énergétiques décentralisées et la modernisation du réseau

La transition vers un avenir électrique a commencé. De plus en plus de personnes achètent des véhicules électriques (VE) et les rechargent. Cette tendance devrait s’accentuer à mesure que l’Ontario devient un centre de production de VE. Cependant, même si l’Ontario accélère la production de telles voitures et la production d’électricité pour répondre à la nouvelle demande, les problèmes flagrants au niveau de la distribution ne sont pas résolus pour autant.

Il importe peu que nous ayons suffisamment d’électricité à long terme si l’infrastructure de transport et de distribution locale n’est pas en mesure de la prendre en charge. Pensez à ce qui se passe lorsqu’un fusible saute chez vous parce qu’une trop grande quantité d’énergie est envoyée dans une zone. Que pensez-vous qu’il se passera lorsque toutes les maisons du quartier voudront recharger leur véhicule électrique? Des villes comme Palo Alto, en Californie, où le nombre de VE par habitant est élevé, ont rencontré des difficultés en raison d’une infrastructure inadéquate destinée à la distribution locale d’électricité. Nous devons tirer les leçons de leur expérience et planifier. La province doit travailler avec les sociétés de distribution locales pour trouver des moyens rentables d’assurer cette transition avant qu’il ne soit trop tard

et que les coûts ne soient trop élevés. La solution la plus rentable consiste à confier aux aménagistes la tâche d’élaborer des plans appropriés pour leurs nouveaux lotissements résidentiels.

Les ressources énergétiques décentralisées ne doivent pas nécessairement se limiter au réseau, mais peuvent également se trouver dans les maisons individuelles. Le gouvernement devrait investir dans des programmes visant à promouvoir l’adaptation du stockage à petite échelle dans les ménages. Ainsi, il serait possible de réduire la charge sur le réseau pendant les périodes de pointe, d’utiliser au mieux les panneaux solaires sur les toits et d’aider les gens à économiser de l’argent lorsque le coût de l’énergie est le plus élevé.

Développer la production d’hydrogène vert et de gaz naturel renouvelable

L’hydrogène existe en abondance et peut être utilisé comme carburant. Il peut également être produit à partir de sources d’énergie renouvelable. Bien que la technologie soit encore à parfaire, elle existe et peut être utilisée dans un premier temps pour absorber tout excédent d’approvisionnement en énergie renouvelable. La grande majorité des turbines à gaz existantes des installations de traitement de gaz naturel peuvent mélanger un certain niveau d’hydrogène sans qu’il soit nécessaire d’apporter des améliorations ou des changements importants à l’installation elle-même. À ce stade, le problème réside dans la production économique d’hydrogène propre en quantité suffisante.

Même si le gouvernement a fait les premiers pas pour mieux comprendre le rôle de l’hydrogène dans le secteur de l’électricité, il faut accélérer le rythme si l’on veut vraiment faire bouger les choses. L’utilisation de l’hydrogène pour le stockage de l’énergie va bien au-delà du secteur de l’électricité, notamment dans le secteur industriel et les transports lourds. Le secteur de l’électricité est toutefois un bon point de départ. Le gaz naturel renouvelable peut être généré à partir des sites d’enfouissement, du bétail, des déchets organiques municipaux et des eaux usées ainsi que des résidus agricoles et forestiers. Si son potentiel en Ontario correspond à moins de 5 % de l’utilisation actuelle du gaz naturel, il représente néanmoins une source importante de gaz sans émissions de GES destinée aux utilisations qui sont les plus difficiles à remplacer. Il s’agit également d’une source de revenus pour les exploitations agricoles et l’économie rurale.

Mobiliser les communautés de manière proactive

La production d’énergie solaire et éolienne occupe beaucoup plus d’espace que les centrales nucléaires ou au gaz naturel et affecte donc de nombreuses communautés. C’est pourquoi cette transformation de notre économie énergétique nécessite un large soutien politique.

D’autre part, les avantages liés à l’énergie renouvelable, à l’économie d’énergie et à l’efficacité, au-delà des bienfaits pour l’environnement, comprennent :

● la réduction du coût de la vie grâce à l’économie d’énergie et à l’efficacité énergétique;

● les revenus issus de la vente d’énergie;

● les emplois liés à la construction et à l’approvisionnement;

● la diversification des sources de revenus des collectivités locales;

● la production d’énergie locale permettant de se protéger contre les perturbations internationales;

● la possibilité de posséder des actions d’une entreprise locale.

Bien que l’économie d’énergie et l’efficacité énergétique soient essentielles pour l’ensemble de l’économie, elles affectent surtout les habitants et les ménages qui ont des difficultés à faire face au coût de la vie. On peut encore largement tirer parti de la réduction du gaspillage d’énergie à la maison, en particulier dans les vieux logements. Il suffit que les gens voient les économies réalisées pour que la volonté politique en faveur de la transition dont nous avons besoin se fasse sentir.

Les communautés locales doivent disposer du temps nécessaire pour apprendre et se familiariser avec les projets d’énergie renouvelable et de stockage. Nous devons également veiller à ce que les retombées économiques d’un projet soient partagées au maximum. Les communautés doivent avoir le temps de discuter des coûts et des avantages. C’est pourquoi la mobilisation de ces dernières doit être proactive. En outre, nous devons prendre le temps d’instaurer un climat de confiance et d’obtenir le consentement libre, préalable et éclairé des communautés autochtones. Toute initiative visant à mettre un terme à l’utilisation des combustibles fossiles doit reposer sur la mobilisation des communautés.